jeudi 17 juillet : NEVADO CHOPICALQUI (6354 m)
Le réveil sonne á 1 h du matin. Je n´ai pas dormi et je sais que le ciel s´est dégagé par moments car j´ai pu percevoir la lumière de la lune à travers la toile de la tente. Mai Greg sort et fait la moue. "c´est pas terrible quand même". Et nous passeront même le petit dejeuner dans le brouillard. Mais on sens bien qu´il n´est pas épais, on voit les étoiles par intermitence et le ciel va finir par se dégager tout à fait. C´est le moment ! Il faut tenter notre chance... Nous partons à 2h20 dés que la visibilité le permet.
Une fois sur la crête, nous ne regrettons rien. Le ciel s´est dégagé complètement comme par miracle. La lune est pleine, elle vient se réverbérer sur la neige et nous n´avons pas besoin de la lampe frontale pour avancer. Sa lumière vient faire briller la neige fraiche au sol. C´est merveilleux. La nuit a du être ventée, arrivés sur un genre de plateau, la trace vient à disparaître. Nous hésitons un moment à marcher sur la neige ventée, comme ça, au desssus d´un glacier peut être crevassé. Nous finissons par retrouver la trace mais ce moment d´égarement et un petit vent frai ont suffi à bien nous refroidir. Là, nous arrivons aux premières difficultés et le rythme ralentit. Nous devons gravir une pente assez raide et mettre les mains dans la neige. Je ne sens plus mes doigts. Un peu plus haut, l´activité m´a bien réchauffé et nous sommes obligés de nous arreter un moment : il m´est venu l´onglée, terrible, qui fait mal presque à en crier. Et lá, la lune vient à se coucher derrière le Huascaran, orange. Dans le même temps, les premières lueurs de l´aube viennent à colorer l´horizon. C´est merveilleux, splendide. C´est drôle que ça arrive à ce moment là. C´est comme si tout ça se méritait, que celà justifiait toutes ces souffrances...
Plus loin il faut gravir une pente raide, assez longue, finissant à 60º. Greg est fatigué, ce n´est plus une trace qu´il me fait, mais des baignoires. Moi derrière j´ai froid et je peste parce que je me débrouille très bien toute seule et j´aimerais bien qu´il avance un peu. Et en haut ... un petit col au soleil ! Super, nous nous installons pour une longue pause de près d´une heure le temps que les pieds de Greg, qu´il ne sent plus du tout, se réchauffent. Le pauvre a en plus des désordres digestifs et ça fait la troisième fois que nous nous arrêtons en urgence, dont une en pleine pente. 2 tchèques que nous avons rencontré au camps nous rejoingnent.
Nous nous remettons en route mais c´est dur. A plus de 6000 m, il faut retrouver un rythme, un souffle. Il nous reste 100 m à gravir et nous arrivons au pied de la pente sommitale. Un très joli passage, pas difficile mais impressionant nous fait passer au dessus de la face et du vide. Encore quelques efforts et ça y est, nous sommes au sommet ! Magnifique, émouvant pour nous après tous ces efforts. Les 2 tchèques nous rejoignent, nous partageons notre joie. Nous ne seront que 4 au sommet aujourd´hui et c´est assez exeptionnel avec de telles conditions. Nous sommes à 6350 m d´altitude et nous avons cette petite impression, comme de dominer le monde. En effet, la vue est très étendue, jusqu´en amazonie avec ses cumulus. La lumière est bonne, on voit l´ensemble de la cordillère blanche d´ici. Quel moment...
Voilà que nous redescendons et que nous joignons notre corde à celle des 2 chèques pour descendre les 2 pentes raides en rappel. Nous les quittons un peu plus loin et rejoignons le camp. Nous avons réussi ! Nous sommes si fatigués et tellement heureux... Un petit temps de repos, un bol de soupe, et il faut démonter le camp pour descendre. Nous avons prévu de ne pas nous arrteter avant le camp de base afin d´avoir un bivouac plus confortable, moins haut afin de pouvoir vraiment se reposer et faire la grasse mat demain matin. Du sommet, ça fait 2000 m de dénivellé négatif. Pablo et Edwin, super sympas, nous déchargent comme ils peuvent et c´est partit ! Greg est super mal. Il est fatigué, a mal au ventre et au dos. C´est doucement que nous descendons, un peu de façon automatique. Ha ces moraines, décidément on s´en passerait bien... C´est de nuit, vers 19 h que nous arrivons. Pablo et Edwin ont déjà monté les tentes et préparé à manger. Dieu les bénisse ! Ce soir il ne sera pas très difficile de s´endormir ... épuisés mais heureux.